1589, Marie de Gournay et Montaigne entretiennent une correspondance régulière. Leurs réflexions philosophiques questionnent les grands principes de l'existence au risque de mettre leurs vies en danger en ces temps de guerre des religions. 1592, à la mort de Michel, Marie décide d’enfouir ces lettres pour la postérité.
Fouillant les caves d’une maison qu’il vient d’acquérir à Gournay-sur-Aronde, Erwan Danesc, médecin à la retraite, découvre une cache dissimulée derrière un mur. Suspectant un trésor, il fouille et tombe sur une malle très ancienne renfermant une liasse de documents et quelques objets sans valeurs.
Une enquête commence pour comprendre le sens de cet enfouissement. Les documents sont des lettres, d’un homme et d’une femme, datant du XVIe siècle.
Erwan se plonge dans la lecture, traduit les mots, interprète ce que le temps a rongé et peu a peu se dessine une histoire. Celle d’une rencontre de 1588 entre une jeune femme de vingt-trois ans, Marie de Gournay, et un vieil homme de cinquante-trois ans, échappé de la tombe, Michel de Montaigne.
Les questions philosophiques deviennent au fil des pages la préoccupation première du couple. Quel sens donner à l’existence ? Pourquoi naître femme ou homme ? Humain ou animal ? Où se cache la vie si elle n’est l’œuvre de Dieu ? Qu’est-ce que la maladie et la mort si nous ne sommes que mortels ?
À force de dissection des êtres, d’épluchages successifs des apparences, Marie s’avance et pousse Montaigne dans ses retranchements. Le sentiment d’aller trop loin les oblige bientôt à se taire. Les guerres de religion qui ensanglantent le pays rendent une telle liberté coupable. Qu’adviendrait-il de Marie si quelqu’un tombait sur ces mots ?
Un demi-millénaire est passé sur ces mots interdits. Erwan sait que tout cela est désormais audible. Mais pour qui ? Tenant le manuscrit entre les mains, il songe à sa vie matérialiste, ses voitures alignées dans le garage, sa femme toujours débordée, ses enfants capricieux, son smartphone insolent… A peine a-t-il refermé la malle que la « demoiselle de Jars » lui manque déjà.