L'homme théorique

Proposé par Astrée le 2 juillet 2020
Portrait de femme
Forme
Média
Public
160 pages
Époque
Lieu
Univers
20 personnages

Un quinquagénaire marié de longue date peut-il résister aux charmes affriolants d’une belle trentenaire ? La question se pose depuis que l’humanité existe et chacun de nous expérimente à un moment donné cet antique combat de la raison et de la passion. Qu’en sera-t-il de Pierre et de Vanille ? Avec l’âge, la sagesse de Junon parvient-elle à contraindre l’obsession de Bacchus ?

Synopsis

Réveillé par un rêve érotique qui se termine en cauchemar, Pierre Guéril ouvre les yeux.

Dans sa tête, sorte de salle de commandes au décor des années 1970, Nox, la gardienne de la nuit, vient d’intervenir pour faire cesser le jeu de Bacchus. La confrontation est rêche mais Jupiter, maître des lieux, tempère.

Le réveil sonne. Lundi matin. Pour Pierre, le premier jour de son nouveau demi-siècle s’annonce mal : sa femme Sophie lui reproche des propos qu’il aurait tenus la veille au restaurant au sujet de l’appétence frustrée des hommes âgés pour les jeunes femmes…

Accompagnant son fils à l’école, Pierre retrouve justement Vanille, trentenaire joyeuse et attachante, mère de Quentin, un copain de son fils. Il découvre que celle-ci a grandement participé au coûteux cadeau que son fils Clément lui a fait. Cette attention le trouble. D’autant que Frédéric, son collègue de bureau, le pousse à reconnaître dans ce geste un premier pas et banalise l’idée d’une possible liaison.

Dans sa tête, le débat s’engage : Junon, Minerve et Salus défendent l’idée du couple harmonieux tandis que Bacchus et ses acolytes penchent pour une vie libre et sans contrainte.

Indécis mais séduit, Pierre décide de parler plus longuement à Vanille. A l’heure de la sortie de l’école, en pleine réunion préparatoire d’un prochain séminaire de communication, il se lève et sort, au grand dam de sa cheffe Jessica.

Hélas, ce n’est pas Vanille mais sa mère qui récupère l’enfant à la fin des cours. Pierre ne la reconnaît pas mais Isabelle, une ancienne camarade de lycée, se souvient très bien de lui et semble très émue de le revoir.

Mercure et Bacchus, tracassés par l’attitude d’Isabelle, enquêtent dans les méandres de la mémoire de Pierre : le 6 juillet 1982, après une soirée bien arrosée, Pierre et Isabelle se sont aimés fougueusement. Le sida ne sévissait pas encore et l’époque couvait une certaine insouciance…

Poussé par son collègue Frédéric qui l’encourage toujours, Pierre invite Vanille à boire un verre à « l’Arrêt de bus », un bistrot où il a ses habitudes. S’amusant de la relation de jeunesse entre sa mère et Pierre, Vanille ironise sur ses propres déboires sentimentaux et sa situation actuelle de chômeuse, divorcée et sans logement.

Dans la tête de Pierre, le combat entre la morale et le désir se complique : est-il concevable de courtiser la fille après avoir autrefois aimé la mère ? Cupidon et Vénus marquent des points, Junon, ambassadrice des femmes mariées, enrage.

Pierre sollicite un de ses collègues qui dispose d’un studio inoccupé en ville. Celui-ci accepte de le lui louer et immédiatement Pierre le propose à Vanille. Lors de la visite, le soir même, Vanille tombe sous le charme désuet de l’appartement. Heureuse, elle se jette au cou de Pierre et l’embrasse furtivement sur les lèvres.

Bacchus, Vénus et Jupiter trinquent à leur victoire mais Junon et Minerve contestent l'idée de succès et ne s’avouent nullement vaincues.

Le lendemain, à l’école, Pierre retrouve Isabelle qui voit d’un très mauvais œil sa fille emménager dans le studio que Pierre lui a trouvé. En fin d’après-midi, à « l’Arrêt de bus », elle lui fait comprendre que Vanille est peut-être sa propre fille ! Sonné, Pierre se lève, gagne la porte sans apercevoir Robert, un ami, qui entre à son tour. Le montant de chêne percute violemment son front.

Dans sa tête, tout vole en éclat, Junon, Bacchus et les autres se retrouvent au sol. Mars heurte un pupitre, son pistolet s’éjecte et glisse aux pieds de Nox qui s’empresse de la cacher sous sa jupe. Orcus, messager de la mort, apparaît. Trop tôt semble-t-il…

Quand Pierre reprend ses esprits, il est chez Isabelle. Une sévère explication s’en suit concernant la paternité de Vanille : Isabelle avoue n’être sûre de rien et prétend avoir voulu lui faire prendre conscience de la situation.

Dans la rue, Pierre croise Vanille et Quentin qui rentrent chez Isabelle. Elle semble heureuse, son logement est bientôt prêt. Elle demande à Pierre de bien vouloir être son premier invité, le surlendemain soir, vendredi.

La journée du jeudi s’annonce difficile, c’est l’œil du cyclone : Pierre évite l’école et rejoint directement son bureau. Sa cheffe lui demande de présenter un projet publicitaire mais ses préoccupations sensuelles interfèrent sa pensée. Et bientôt, dans sa tête, la tempête reprend, laissant ses collègues perplexes malgré la tempérance de Frédéric qui tente de rattraper le coup.

La tension monte entre Junon et Bacchus. Vénus, Salus, Vulcain, Minerve et Mercure s’en mêlent, la médiation de Jupiter est subjective. La malicieuse Discorde jubile.

Le soir même, Isabelle questionne Vanille pour déceler ses sentiments et ses intentions à l’égard de Pierre. Vanille avoue l’aimer. Isabelle tente de la dissuader d’aller plus loin sans oser lui suggérer que Pierre est peut-être son père. L’échange s’envenime rapidement.

A quelques quartiers de là, au même instant, Pierre prévient sa femme qu’il rentrera tard le lendemain, à cause d’une réunion qui risque de s’éterniser. Sophie n’est pas dupe mais garde l’apparence d’une dignité maîtrisée.

Vendredi soir. Vanille, plus savoureuse que jamais, ouvre la porte du studio à Pierre. Le piège de la volupté s’enclenche… Pierre s’approche de la jeune femme qui ne le repousse pas.

Dans sa tête, Bacchus et Vulcain ont pris les choses en main. Junon s’insurge et en appelle à la civilisation. L’idéal platonique peut-il souffrir du reliquat d’un hédonisme archaïque ? La conception des Lumières ne doit-elle pas s’imposer à l’humanité une fois pour toutes ? Jupiter lui-même rechigne à refuser l’enivrement de la sensualité et du plaisir… Survient Nox, excédée par le tapage nocturne, le pistolet de Mars à la main. Le monde de la pensée se fige, elle tire, Bacchus s’écroule.

Pierre s’écarte brutalement de Vanille qui ne comprend pas. Elle le questionne, il ne répond pas, bafouille des mots inaudibles. Il prend sa veste et quitte l’appartement.

Bacchus est évacué. Jupiter, terrassé, abandonne les commandes à Junon qui tout de suite réorganise les priorités : Retour à la maison !

Sophie retrouve Pierre au petit matin, assis sur le quai face au fleuve. Elle lui confie le bonheur qu’elle a de vieillir à ses côtés. Il la regarde, elle est belle, un sourire mélancolique aux lèvres. Il se lève et la serre dans ses bras. Bacchus est mort, sa vie peut redevenir raisonnable et responsable. L’homme théorique.
 

Note d'intention
Avancement
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